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First global, la compétition qui se rêve en JO de la robotique

Rassemblant 163 équipes venues du monde entier, la compétition mettait aux prises des adolescents dans des matchs de construction et de pilotage de robots.

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Publié le 20 juillet 2017 à 21h05, modifié le 20 juillet 2017 à 21h06

Temps de Lecture 4 min.

« Robot Time dans 3… 2… 1 ! »

Les quatre adolescents de la team Bénin ont le sourire aux lèvres dans leur vidéo. Ils ont traversé la moitié du monde pour se rendre aux Etats-Unis, à Washington, où a eu lieu First Global, une compétition de robotique. Du 14 au 16 juillet, 163 équipes venues de 157 pays différents étaient rassemblées sous le toit du DAR Constitution Hall.

L’équipe belge parade pendant la cérémonie d’ouverture du tournoi. Elles sont 163 équipes de 157 pays différents à concourir.

« Souvenez-vous, la plupart des robots vont perdre la compétition, s’exclamait en riant Dean Kamen, le fondateur de First et l’inventeur du Segway, lors d’une cérémonie d’ouverture directement inspirée des Jeux olympiques. Et ça n’a aucune importance. Tous les participants, tous les enfants, gagnent. Vous gagnez déjà en vous aidant les uns les autres. »

Et malgré la mièvrerie du discours, difficile de le contredire. Après une « parade des nations » d’une heure et demie le premier jour, pendant laquelle tous les adolescents entrent en piste en brandissant leur drapeau, les épreuves se sont étalées sur tout le week-end. A chaque partie, deux alliances de trois équipes doivent s’affronter pour obtenir le plus de points.

Le terrain est séparé en deux par une « rivière ». Leurs robots, pilotés à distance, doivent ramasser de l’eau, symbolisée par des boules bleues (1 point) et des contaminants, les boules orange (4 points). Ils emmènent ensuite leur butin sur le pont et doivent les envoyer dans les bonnes stations pour que les points soient correctement comptabilisés. Un jeu stratégique qui demande flexibilité, coopération et communication.

La team Iran participe à la compétition du First Global Robotics Challenge. Ils doivent coopérer avec deux autres équipes pour marquer le plus de points.

Organiser un tel rassemblement n’a pas été simple, même pour une organisation aussi grosse que First. La fondation est sponsorisée par les grands noms de la Silicon Valley comme Google, des organisations gouvernementales comme la NASA, ou encore FeDex et la banque Goldman Sachs. First organise depuis plus de 25 ans des compétitions sur le sol américain et son président, Joe Sestak, est un ancien amiral de la Navy et membre du Congrès américain. Participer à une compétition First coûte d’habitude plus de 5 000 dollars. Mais pour le Global Challenge, afin d’avoir des équipes venant de pays modestes, la fondation a fait des exceptions.

Multiples problèmes de visas

Ce sont plutôt les visas et les tensions internationales qui ont posé problème aux participants. L’équipe féminine afghane a essuyé deux refus de visa avant que le président américain, Donald Trump, n’intervienne pour leur accorder le passage quelques jours avant la compétition. Sa fille et conseillère, Ivanka Trump, était d’ailleurs présente pour assister à leur match le dimanche matin. « Je suis vraiment impressionnée de ce que vous avez fait pour l’avancée des femmes dans les sciences, les maths et la technologie », a-t-elle dit aux adolescentes.

Durant la compétition, la parité était loin d’être atteinte : 80 % des participants étaient des garçons. Un chiffre qui reflète aussi la présence encore très faible des femmes dans le milieu de la technologie. « C’est vraiment difficile pour nous, parce que tout le monde pense que construire des robots est seulement pour les garçons, déplore Samira Bader, de la team Jordanie, citée par Associated Press. Les filles peuvent le faire. » Dans l’esprit de l’égalité des sexes, Ivanka Trump ajoute néanmoins : « A tous les hommes de la salle, je suis aussi très fière de vous ! »

L’équipe afghane a été très médiatisée. Leur demande de visa a été refusée deux fois et les jeunes filles n’ont pu participer qu’à la dernière minute, après que Donald Trump est intervenu en leur faveur.

Si l’équipe afghane a été la plus médiatisée, d’autres équipes ont eu des problèmes de visa. Dean Kamer a expliqué au New York Times que 60 équipes ont eu, à des degrés divers, des problèmes de visa. L’équipe de Gambie, notamment, a dû se battre pour obtenir l’autorisation d’aller aux Etats-Unis. L’équipe d’Iran, elle, n’avait pas pu recevoir le kit pour construire le robot à cause des sanctions imposées au pays par les Etats-Unis. First les a donc mis en contact avec des adolescents du lycée George C. Marshall à Fall Church, en Virginie. L’équipe iranienne leur envoyait les plans et les jeunes américains construisaient le robot grâce à des rencontres par Skype.

Pendant la compétition, les équipes se sont tenu les coudes. Le représentant de l’équipe du Botswana racontait avant l’un de ses matchs les mésaventures de son équipe : « D’abord, le robot est arrivé en retard. Nous n’avons eu que cinq semaines pour le construire. Ensuite, quand nous sommes arrivés à la douane américaine, le robot avait été égaré. Nous avons eu de la chance : l’équipe d’Afrique du Sud nous a donné un robot que nous avons modifié. Maintenant, on est prêts à concourir ! »

Mawuena Yves Date, du Togo, prend un selfie avec des lycéens de l’équipe sud-soudanaise et de l’équipe indonésienne.

Le Botswana n’a toutefois pas terminé sur le podium. C’est la team Europe, l’une des cinq équipes continentales en plus des équipes nationales, qui a remporté le plus grand nombre de points et la médaille d’or. La Pologne a gagné l’argent et l’Arménie a obtenu le bronze. Une autre série de récompenses a été accordée pour « prouesse émérite ». L’équipe sud-soudanaise a remporté l’or, les Afghanes l’argent et l’équipe d’Oman, dans le sud de la péninsule arabique, dont les lycéens sont sourds, le bronze.

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Car avec un panel d’équipes aussi disparates, réaliser un robot ne se fait pas dans les mêmes conditions. Au Honduras, l’équipe devait traverser une montagne tous les matins pour aller au lycée. Du côté du Liberia, Gregine Kumba Natt témoigne pour l’émission de télévision américaine PBS NewsHours. « On avait besoin de charger le robot mais dans notre pays nous avons peu d’électricité. On ne pouvait pas non plus charger nos téléphones portables, du coup, on ne s’entraînait pas souvent en journée. On se retrouvait la nuit. »

L’événement est d’ores et déjà reconduit l’année prochaine, à Mexico City.

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